"Il ne faut pas nécéssairement être fou pour travailler ici mais ça aide..."

La psychiatrie est un milieu à part où se côtoient les exclus de la société. Qu’en est-il exactement de ce milieu dont on parle peu? Rencontre avec Gary Nanni, infirmier en psychiatrie.

Est-ce éprouvant de travailler dans un milieu psychiatrique?

Oui, par moment cela est éprouvant.

Le fait d’être sans cesse en contact de gens malades atteint-il négativement votre moral?

Non.

Avez-vous des astuces pour le garder?

Non.

L’entente est-elle bonne entre les médecins et les infirmiers?

Oui car nous sommes complémentaires les uns des autres.

Dans quel type de service travaillez-vous?

Je travaille dans un service d’admission portes fermées, c’est à dire que les patients sont envoyés contre leur volonté par decision judiciaire.

Vous travaillez dans un centre fermé. Est-ce qu’il arrive que certains patiens s’échappent?

Oui il arrive que certains patients s’échappent.

Quelles mesures prenez-vous pour les rattraper et les ramener?

Si le patient est en régime ouvert (si la personne est venue d’elle-même), on fait juste une sortie administrative. Par contre, si le patient est envoyé par decision judiciaire, nous sommes obligés de le signaler à la police fédérale pour qu’elle le recherche activement. Nous menons également notre propre enquête afin de localiser le patient. Lorsque celui-ci est retrouvé, soit il nous est ramené par la police, soit nous allons le rechercher nous memes avec les risques que cela comporte pour nous.

Suite à cela, les patients ont-ils des sanctions? De quel genre?

Ca depend, c’est au cas par cas. Ca peut aller d’aucune sanction à l’isolement avec plus de surveillance sur les sorties futures.

Quel type de patients avez-vous?

Nous avons une population mixte agée normalement de minimum 18 ans, même s’il arrive que nous recevons des mineurs, et pouvant aller jusqu’à plus de 70 ans. Les principales pathologies sont : l’alcoolisme, la toxicomanie, la depression (avec tentative de suicide), les troubles bipolaires (schyzophrénie), les psychopathes, les défiences mentales légères, etc.

Quelles measures prenez-vous lorsqu’un patient devient ingérable parce qu’il a un délire?

Il y a différentes mesures. La toute première est d’écouter le patient et de le rassurer. Si ça ne va pas, on peut agir avec un traitement médicamenteux où autre. Par exemple, un psychologue propose une activité au patient… Nous pouvons également le faire voir par son psychiatre pour réadapter son traitement. Dans certains cas, une mise à l’écart est nécéssaire (isolement avec parfois entrave du patient).

Hormis les délires de certains patiens, quells sont les autres problèmes que vous rencontrez sur votre lieu de travail?

On rencontre mille et un problèmes sur notre lieu de travail.

Des decisions judiciaries avec des mises sous protection non adaptées. Par exemple, des vieilles personnes qui sont bien plus en danger placées chez nous que dans un home.

Le comportement des forces de l’ordre lorsque les policiers amènent des patients en étant violents ou en leur mentant sur la durée ou la raison de l’hospitalisation. Suite à ces mensonges, les infirmiers ont une perte de confiance des patients.

Des decisions ministérielles inadéquates (budget…) et la charge de travail adminitartif de plus en plus important qui diminue le contact avec les patiens, or le contact est la base des soins en psychiatrie.

Le manqué de structures extérieures adaptées pour réadapter les patients dans la société et bien sur, le mauvais contact avec certaines familles.

Quels sont les risques auxquels vous êtes le plus souvent exposé?

Les menaces et violences verbales (menaces de mort, coups portés…), certaines maladies (du simple rhume à l’hépatite…) et des plaints déposées à la police par des patients délirants.

Qu’avez-vous comme meures pour vous protéger?

Des gants pour certains actes techniques et des bips d’appel à l’aide. Sinon il faut surtout compter sur soi même et ses collègues, d’où l’importance d’un travail d’équipe.••

A.N